Enfants disparus : 40.000 signalements chaque année

24 mai 2024 à 6h00 par Hugo Harnois

Des parents et leur enfant - Photo d'illustration

Crédit : Pixabay - Libre de droit

Fugues, disparitions inquiétantes, enlèvements parentaux… Ce samedi 25 mai marque la journée internationale des enfants disparus. L’occasion de rappeler que pour ce phénomène, un numéro existe : le 116.000.

40.000, comme le nombre de signalements concernant des mineurs disparus chaque année en France, qu’ils s’agissent de fugues, de disparitions inquiétantes ou d’enlèvements parentaux. Samedi 25 mai marque la journée internationale des enfants disparus. Numéro existant dans 32 pays de l’Union Européenne, le 116.000 est une ligne ouverte 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.


 


Juristes, psychologues et éducateurs spécialisés


En France, la ligne est assurée par une équipe de cinq à huit salariés à plein temps, composée de juristes, de psychologues et d’éducateurs spécialisés. Ces derniers ont pour mission d’accompagner la famille victime jusqu’au retour de leur enfant. « Un écoutant va s’assurer qu’il s’agit bien de la disparition d’un mineur, ou, si c’est un majeur, qu’il ait moins de 25 ans et qu’il soit sous tutelle. Les professionnels de la cellule d’écoute vont ensuite rappeler la personne concernée, revenir sur les circonstances de la disparition ou de l’enlèvement, et tâcher de comprendre ce qui a poussé ce départ », explique Julien Landureau, responsable plaidoyer et communication de la fondation Droit d’enfance qui coordonne et gère le 116.000. Il ne s’agit pas d’un service d’enquête, néanmoins, de nombreux avis de recherches sont diffusés sur le site Internet de 116.000 Enfants Disparus.


Le responsable rappelle que le premier réflexe doit être de signaler la disparition de son enfant à la police ou à la gendarmerie afin de l’inscrire au fichier des personnes disparues. « Beaucoup de Français croient encore qu’il faut attendre deux jours avant de signaler la disparition d’un mineur. Ce n’est absolument pas vrai, il faut le faire dès qu’elle est observée et avérée », précise-t-il.


 


Les raisons de la colère


Ces 40.000 signalements recensés chaque année représentent un « chiffre relativement stable », selon Julien Landureau, qui rappelle qu’il « ne s’agit pas du nombre de mineurs qui ont disparu, mais bien du nombre de signalements. C’est-à-dire qu’un mineur qui fugue 10 fois, il sera signalé 10 fois dans l’année. » En revanche, il est très complexe de chiffrer le nombre d’enfants qui disparaissent réellement tous les ans. « C’est une très faible minorité par rapport au nombre de signalements », rassure-t-il.


Quelles sont les raisons qui poussent tous ces jeunes à quitter leur domicile ? Il s’agit d’abord de conflits qui peuvent survenir avec leurs parents dans près de 7 cas sur 10. Mais ce conflit peut « lui-même être alimenté par d’autres choses », nuance le responsable, comme l’addiction, l’emprise d’un tiers, des violences ou encore des situations de harcèlement. Julien Landureau poursuit : « nous, justement, notre travail, c’est de déterminer ce qui a pu faire partir l’enfant. Et l’essentiel, c’est que lorsque l’enfant revient, il n’ait pas envie de repartir. Il faut identifier le problème et le régler. »


 


Des fugueurs de plus en plus jeunes 


En termes de statistiques, les enlèvements parentaux concernent en moyenne 94% d’enfants âgés de moins de 12 ans. Concernant les disparitions inquiétantes, 55% des jeunes impliqués sont des filles. Enfin, Julien Landureau et son équipe observent qu’au fil des ans, les mineurs sont de plus en plus jeunes à fuguer de leur domicile : « il y a un faisceau d’indices qui nous amène à penser qu’il existe un rapport avec les réseaux sociaux, favorisant les mauvaises rencontres, les mauvais conseils, et les fugues amoureuses. Ça mériterait d’être étudié plus en détails. » 


Comment faire revenir tous ces enfants fugueurs ? Ces situations sont bien entendu « toutes très différentes », mesure le responsable, mais les forcer à rentrer reste souvent « une mauvaise idée ». Et une fois les enfants retrouvés ou rentrés chez eux, Julien Landureau souligne qu’il peut être mis en place un suivi avec les familles victimes, « mais ce n’est pas systématique. Il existe aussi des groupes de paroles entre parents victimes d’enlèvements parentaux, ce sont souvent des moments très utiles et bénéfiques. »


 


Un événement de streaming caritatif


À l’occasion de la journée internationale des enfants disparus ce samedi 25 mai, les membres du numéro d’urgence organisent une vaste campagne de communication s’articulant autour de trois axes : un rapport 2023 sur les disparitions de mineurs en France avec les derniers chiffres ; une campagne de communication avec la diffusion d’un spot de sensibilisation ; et un événement de streaming caritatif qui aura lieu du 23 au 25 mai, avec 50 streamers de Twitch qui collecteront des dons en faveur du numéro d’urgence.