Football : pourquoi les femmes et les hommes ne gagnent pas le même salaire ?
1er juillet 2024 à 9h01 par Théo Palud
Crédit : KAMIL KRZACZYNSKI / AFP
Le salaire annuel des joueuses en France serait plus de 26 fois inférieur à celui des joueurs, un rapport qui monte même à 43 en Allemagne et 113 en Angleterre.
C’est un fait assez rare pour être souligné. Il y a quelques jours, les footballeurs danois engagés à l’Euro ont renoncé à une augmentation de leurs primes pour soutenir la sélection féminine. Même si le nombre de licenciées a été multiplié par 5 sur ces 20 dernières années, les inégalités entre femmes et hommes demeurent dans le foot.
Le salaire annuel des joueuses en France serait plus de 26 fois inférieur à celui des joueurs, un rapport qui monte même à 43 en Allemagne et 113 en Angleterre. Aussi la diffusion du foot féminin comme celle d’autres disciplines est inégale : la part du sport masculin est 16 fois plus élevée que celle concernant le sport exclusivement féminin sur la période 2018 – 2021. Comment expliquer cette différence de traitement ?
Un gâteau à partager beaucoup plus petit
Il y a deux logiques de réponse à cette question. La première est économique : c’est la loi de l’offre et la demande. Si les footballeuses gagnent moins que les footballeurs, c’est parce qu’elles rapportent moins d’argent. Pour les années récentes, près de 2 milliards pour les hommes contre 34 millions pour les femmes, soit un rapport de 1 à 50. Leurs audiences sont plus faibles tout comme les ventes de billets ou de maillots. Et plus les audiences sont faibles plus l’exposition pour les sponsors le sont, et donc la rentabilité pour les télévisions est tout aussi faible. Ce qui se traduit par des droits de retransmission proche de zéro.
Le foot comme miroir des inégalités sociales
Une finalité qui sonne comme une fatalité : les footeuses génèrent moins d’argent, donc elles gagnent moins. Mais résonner comme ça, c’est mettre de côté un problème structurel : le foot est un miroir de la société avec ses inégalités hommes-femmes. À partir des années 20, les femmes ont été mises de côté dans le football. Il faudra attendre 1973 pour que l’UEFA et la FIFA reconnaissent la discipline. Pendant un demi-siècle, elles ont dont accumulé de nombreux retards : pratique, formation, développement des structures, visibilité... Si elles gagnent moins, c’est aussi parce qu’elles n’ont pas eu le même traitement que leurs homologues masculins.
Quelles solutions ?
Ces 10 dernières années, plusieurs grèves ou mouvement de contestations ont éclaté, notamment la plainte des internationales américaines contre leur fédération pour discrimination en 2019 ce qui a abouti à des conventions collectives identiques et à des salaires égaux entre joueuses et joueurs.
Aussi des accords de parité ont été signés en Angleterre, Brésil, Norvège, Espagne, Pays de Galles pour que les primes (en niveau ou en part) soient alignées à celles des hommes. Dans la ligue australienne, un salaire minimum équivalent entre femmes et hommes a été mis en place.
Quand le sport féminin est bien exposé, sur des chaînes généralistes et/ou de grande écoute, à des horaires favorables, il obtient de très bons résultats d’audience. En 2022 par exemple, plus de 6 millions de personnes étaient devant la demi-finale France-Allemagne. Il y a donc un vrai travail à réaliser de la part des médias : c’est l’offre qui est motrice et qui stimule la demande. Mais le chemin reste encore long pour que l’ensemble de la profession soit plus égalitaire...