Affaire Obono / Valeurs Actuelles : une enquête en cours pour "injures à caractère raciste"

31 août 2020 à 13h55 par Iris Mazzacurati avec AFP

L'article, représentant la députée LFI Danièle Obono un collier en fer autour du cou, a suscité une

Crédit : Stéphane de Sakutin / AFP

Une enquête préliminaire a été ouverte pour "injures à caractère raciste" après la publication jeudi dans l'hebdomadaire Valeurs Actuelles d'une "politique fiction" dépeignant la députée LFI Danièle Obono en esclave, a annoncé, lundi 31 août, le procureur de Paris Rémy Heitz.

L'enquête sur cet article qui a suscité une vague de condamnations unanimes dans la classe politique, allant jusqu'au président de la République, a été confiée à la Brigade de répression de la délinquance contre la personne (BRDP), indique M. Heitz dans un communiqué.


Dans ce récit de sept pages publié, jeudi 27 août, par le magazine ultra-conservateur, la députée de Paris, à la peau noire, "expérimente la responsabilité des Africains dans les horreurs de l'esclavage" au XVIIIe siècle, selon la présentation qu'en fait le magazine. Des dessins de Mme Obono, collier en fer au cou, accompagnent ce "roman de l'été".


Le chef de l'Etat, Emmanuel Macron, a appelé la députée samedi 29 août pour lui faire part de sa "condamnation claire de toute forme de racisme", selon l'Elysée.


Dénonçant "une insulte à (ses) ancêtres, sa famille" et "à la République", Danièle Obono avait dit samedi soir "réfléchir" à porter plainte. Cette publication est selon elle "une souillure qui ne s'effacera pas", mais surtout "l'aboutissement d'un acharnement médiatique" contre elle. 



�xÈx�Cette image est une insulte à mes ancêtres, ma famille et mon mouvement politique. Une souillure indélébile. J'ai mal à ma République. Et je suis plus déterminée que jamais à lutter contre le #racisme, pour la liberté, l'égalité et la fraternité.�S`�xÈhttps://t.co/hoXzZnGu3j


— Députée Obono (@Deputee_Obono) August 29, 2020




Dès vendredi, elle avait dénoncé sur Twitter une "merde raciste dans un torchon", accusant "l'extrême droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même".



Il paraît 'Qu'on-Peut-Pu-Rien-Dire' #BienPensance. Heureusement on peut encore écrire de la merde raciste dans un torchon illustrée par les images d'une députée française noire africaine repeinte en esclave... L'extrême-droite, odieuse, bête et cruelle. Bref, égale à elle-même. pic.twitter.com/EupKSXZ207


— Députée Obono (@Deputee_Obono) August 28, 2020




Le Premier ministre Jean Castex a déploré sur Twitter une "publication révoltante (qui) appelle une condamnation sans ambiguïté", assurant partager "l'indignation de la députée"



Cette publication révoltante appelle une condamnation sans ambiguïté.Je partage l'indignation de la députée Danièle Obono et l'assure du soutien de l'ensemble du Gouvernement.La lutte contre le racisme transcendera, toujours, tous nos clivages. https://t.co/ybRKO4DJP3


— Jean Castex (@JeanCASTEX) August 29, 2020




"On est libre d’écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis (aux) côtés" de la parlementaire, a écrit le ministre de la Justice Eric Dupond-Moretti.



.@Deputee_Obono On est libre d’écrire un roman nauséabond, dans les limites fixées par la loi. On est libre aussi de le détester. Moi je le déteste et suis à vos côtés.


— Eric Dupond-Moretti (@E_DupondM) August 29, 2020




Mais, a répondu le magazine d'opinion sur Twitter, "il s'agit d’une fiction mettant en scène les horreurs de l'esclavage organisé par des Africains au XVIIIe siècle", "terrible vérité que les indigénistes ne veulent pas voir"



Notre réponse suite à la polémique autour du roman de l'été consacré à Danièle Obono, cette semaine dans Valeurs actuelles. pic.twitter.com/GHVzHBSdvQ


— Valeurs actuelles � (@Valeurs) August 29, 2020



Sur BFMTV, Tugdual Denis, directeur adjoint de la rédaction de Valeurs Actuelles, a fait amende honorable. "On comprend, avec la charge symbolique extrêmement violente de cette image, que Danielle Obono soit choquée. On s'excuse auprès d'elle à titre personnel", a-t-il dit, assurant que son journal n'était "pas raciste".