Bourgogne : violée, battue et prostituée par son mari, une femme jugée pour assassinat

Publié : 21 juin 2021 à 6h24 par Etienne Escuer

Le verdict est attendu vendredi.

Crédit : Pixabay - Image d'illustration.

Le procès de Valérie Bacot s'ouvre ce lundi 21 juin en Saône-et-Loire. Cette femme de 40 ans est accusée de l'assassinat de son mari. L'homme l'avait violée, battue et prostituée pendant plus de 20 ans.

La cour d’Assises de Saône-et-Loire juge à partir de ce lundi 21 juin une affaire complexe d’assassinat. Valérie Bacot, 40 ans, est accusée d’avoir tué son mari en 2016. L’homme l’avait violée, battue et prostituée pendant une vingtaine d’années. 


Valérie Bacot avait 12 ans quand l'amant de sa mère, de 25 ans son aîné, la viole pour la première fois. Condamné en 1995, il réintègre le domicile maternel dès sa sortie de prison et viole à nouveau Valérie. Elle tombe enceinte à 17 ans, se fait chasser par sa mère alcoolique et s’installe vivre avec son beau-père violeur. L'homme se montre violent : il assomme Valérie d'un coup de marteau ou l'étrangle jusqu'à l'évanouissement alors qu'elle est enceinte. En 2004, il prostitue sa compagne auprès de routiers dans la région et la menace régulièrement.


Le 13 mars 2016, alors son mari la prostitue à nouveau, Valérie Bacot saisit le pistolet de son bourreau et le tue d'une balle dans la nuque. Elle cache le corps avec l'aide de deux de ses quatre enfants. Arrêtée en octobre 2017, elle avoue les faits et sera libérée sous contrôle judiciaire un an plus tard.


« Ce sont les violences extrêmes subies pendant près de 25 ans et sa peur de les voir se perpétuer à l'encontre de sa propre fille qui l'ont conduite, de manière inexorable, au passage à l'acte », estiment les avocates de l’accusée, maîtres Janine Bonaggiunta et Nathalie Tomasini, qui avaient notamment défendu Jacqueline Sauvage, symbole des femmes victimes violences conjugales, condamnée pour avoir tué son mari puis graciée en 2016. « Je souhaiterais attirer l'attention sur le fait que ces femmes victimes de violences ne sont pas protégées. La justice reste trop lente, pas assez réactive et manque de sévérité envers les auteurs, ce qui leur permet de continuer à perpétrer des violences en toute puissance. C'est cela même qui peut conduire une femme désespérée à tuer pour survivre », confie Janine Bonaggiunta.


Plus de 580 000 personnes ont signé une pétition réclamant « la liberté » pour Valérie Bacot, qui encourt la prison à perpétuité. Le procès, qui se tient à Chalon-sur-Saône, doit s'achever vendredi.


 


(Avec AFP)