Depardieu : l'acteur berrichon mis en examen pour "viols" en décembre

24 février 2021 à 8h17 par Iris Mazzacurati

Les faits se seraient déroulés au domicile parisien de Gérard Depardieu, en août 2018.

Crédit : Tiziana FABI / AFP

Plus de deux ans et demi après sa plainte visant Gérard Depardieu, une comédienne d'une vingtaine d'années a obtenu la mise en examen du monstre sacré du cinéma français pour deux "viols" qui dateraient d'août 2018. L'acteur conteste.

La plaignante avait obtenu en août 2020 que cette enquête, d'abord classée par le parquet de Paris en juin 2019, soit relancée et confiée à une juge d'instruction. Lors d'un interrogatoire le 16 décembre, la magistrate a estimé qu'il existait des "indices grave ou concordants" que le monument du cinéma tricolore, aujourd'hui âgé de 72 ans, ait pu commettre les faits dénoncés et l'a donc mis en examen pour "viols" et "agressions sexuelles". L'avocat de l'acteur, Me Hervé Témime, contacté par l'AFP, a "déploré que cette information soit rendue publique." Gérard Depardieu, qui a été laissé libre sans contrôle judiciaire, "conteste totalement les faits qui lui sont reprochés", a indiqué son avocat. Ce nouveau statut de mis en examen donne à Gérard Depardieu la possibilité de se défendre activement au cours de la procédure mais fait planer la menace d'un éventuel procès contre lui.


Une confrontation entre Depardieu et la jeune femme en 2019


La jeune actrice d'une vingtaine d'années avait initialement déposé plainte en se rendant à la gendarmerie de Lambesc (Bouches-du-Rhône) peu de temps après les faits. Sur procès-verbal, elle accusait l'acteur de deux viols et d'agressions sexuelles qui se seraient déroulés au domicile parisien de la star, un hôtel particulier du VIe arrondissement, les 7 et 13 août 2018. Selon une source proche du dossier, l'acteur est un ami de la famille de la victime. "Il n'y avait absolument rien de professionnel là-dedans", a affirmé cette source, alors que la presse avait initialement évoqué une répétition de théâtre. La procédure judiciaire contre l'acteur français avait été rapatriée à Paris. Le 4 juin 2019, le ministère public avait toutefois classé sans suite ses neuf mois d'enquête préliminaire en expliquant que "les nombreuses investigations réalisées" n'avaient "pas permis de caractériser les infractions dénoncées dans tous leurs éléments constitutifs". Une confrontation entre l'acteur et la jeune comédienne, jamais ébruitée jusqu'ici, avait notamment eu lieu dans les locaux de la police judiciaire parisienne. La plaignante a ensuite obtenu mi-août 2020 la reprise de l'enquête via une plainte avec constitution de partie civile, un recours qui permet la désignation quasi automatique d'un juge pour relancer les investigations. Contactée par l'AFP, l'avocate de la plaignante, Me Elodie Tuaillon-Hibon, a demandé que "l'intimité et la vie privée de (sa) cliente soient préservées".


#metoo


Gérard Depardieu n'est pas la seule personnalité du cinéma français pris dans la déferlante #MeToo, lancée à l'automne 2017 avec la révélation des nombreux viols et agressions sexuelles commis sur des actrices par le producteur américain Harvey Weinstein. Les réalisateurs Christophe Ruggia et Luc Besson ou le président du Centre national du cinéma, Dominique Boutonnat, ont été accusés d'agressions sexuelles ou de viols. Les milieux de la politique, des médias et du sport ont aussi été touchés. Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, l'islamologue suisse Tariq Ramadan, l'ex-présentateur phare du JT de TF1 Patrick Poivre d'Arvor, l'agent de mannequins Jean-Luc Brunel ou encore l'entraîneur de patinage Gilles Beyer sont ainsi visés par des accusations comparables. (Avec AFP)