Protections hygiéniques : un décret « transparence » plutôt opaque

2 avril 2024 à 14h17 par Alicia Méchin

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Crédit : Pixabay

Depuis ce lundi 1er avril 2024, le décret « Transparence » est entré en vigueur, obligeant les fabricants de protections hygiéniques à inscrire la composition de leurs produits. Même si le texte est une avancée notable, il est à prendre avec des pincettes.

 Porté par le Ministère de la santé et de la prévention, ce décret vise à réduire les risques de « choc toxique », un syndrome provoqué par certaines substances chimiques présentes dans les serviettes hygiéniques ou tampons. Reste à savoir si les industriels vont jouer le jeu.


Interrogés en amont, en vue de la création de ce décret, Gaële Le Noane, fondatrice de Marguerite & Co, et plusieurs collectifs pour la santé des femmes (la Fondation des femmes, Georgette Sand et Règles Élémentaires) étaient au départ, beaucoup plus exigeants. Car selon Gaële Le Noane, le texte n’est en réalité pas si contraignant que ça pour les fabricants.  


« L’obligation ne porte que sur les composants qui ont été rajoutés intentionnellement. Un fabricant qui utilise du coton qui a été cultivé avec du glyphosate peut tout à fait ne pas nous le dire, puisque c’est le coton qu’il a acheté, ce n’est pas lui qui a rajouté intentionnellement du glyphosate ».


 


Le pétrole, c’est moins cher


 


Un détail qui a donc son importance, puisque le décret rend finalement cette mesure beaucoup moins contraignante qu’elle ne pourrait l’être. Et surtout, elle n’oblige en rien les fabricants à revoir leur copie. « Le pétrole, ça coûte beaucoup moins cher que de la cellulose, que le coton bio, souligne Gaële Le Noane. C’est 45 milliards de serviettes qui sont achetées dans le monde par an, c’est énorme. Et pendant 40 ans, la moitié de la population aura besoin de leur produit. Alors, ils font ce qu’ils veulent ».


Le décret prévoit également que si l’emballage est trop petit, les composants peuvent être mis dans la notice. Cela veut dire que les consommatrices devront d’abord payer pour connaitre les composants !


 


Les grands absents


 


Gaële Le Noane regrette également que certaines mesures qu’elle conseillait n’ont pas été prises en compte. Par exemple, les serviettes et culottes lavables ne sont pas incluses dans le décret alors que ces produits sont aussi composés de substances potentiellement dangereux pour la santé.


Elle pointe du doigt également l’absence d’interdiction de l’utilisation de substances parfumantes, susceptibles de présenter des effets allergènes, ou encore l'absence de conduites d'études sur l'impact de l'utilisation de produits périodiques sur la santé des femmes.