Portrait : Siobahn Filliettaz, le loirétain qui est devenu mannequin
14 juin 2024 à 10h30 par Robin Lecomte
Le mannequin Siobahn Filliettaz en shooting photo
Crédit : Alizée Omaly
Le mannequinat est un monde fermé dont on sait peu de chose. Siobahn Filliettaz, mannequin depuis un an, nous explique son quotidien.
C’est une histoire hors du commun. Celle d’un jeune homme originaire de la Creuse et qui défile aujourd’hui dans les Fashion Week. Ce destin, c’est celui de Siobahn Filliettaz, 20 ans, mannequin et habitant d’Orléans. C’est au cours d’un week-end à Paris que tout commence, et qu’il rencontre celle qui deviendra sa future agente, « On était dans un coin un peu lugubre, et là une dame s’approche de moi, me demande si je fais du mannequinat et me tends sa carte », explique-t-il.
Si le domaine du mannequinat l’intéressait depuis quelque temps, c’était le moment où Siobahn choisit de franchir le pas. L’ancien serveur en hôtellerie avait pourtant déjà tenté une première expérience dans le milieu, quelques années auparavant. « J’avais déjà fait le concours Élite, qui est la plus grande agence de mannequinat. Mais il me manquait deux-trois centimètres et je ne trouvais pas ce milieu très accueillant, donc j’avais refusé ». Face au ras-le-bol de l’hôtellerie, il a saisi cette seconde chance d’ouvrir une nouvelle page de sa vie.
La Fashion Week, un rêve éveillé
Et ça a commencé très fort ! Très peu de temps après sa signature, en mai 2023, Siobahn Filliettaz se lance dans le grand bain avec la Fashion Week de Paris. Un monde nouveau, mais dont il adopte rapidement les codes. La Fashion Week se déroule en plusieurs temps. Tout d’abord, différents castings afin d’être repéré par les marques pour les défilés, « lors de ta première Fashion Week, toutes les marques te demandent, comme ça, elles te voient une fois et elles t’ont dans leur dossier », affirme-t-il. Et ça tombe bien, car une petite marque, SEAN SUEN, accroche à la personnalité et au physique du jeune mannequin et lui ouvrent les portes de son défilé.
Une première expérience forte en émotions, mais qui va lui permettre de s’acclimater petit à petit à ce rythme, du monde de la mode. Six mois plus tard, lors de la Fashion Week automne-hiver, Siobahn va passer une nouvelle étape en défilant pour des marques plus importantes, comme Dior ou Loewe. Des défilés bien plus imposants, qui lui permettent vraiment de réaliser la magie de son métier, « c’est dingue quand on fait des gros défilés, ça fait un petit peu cinéma, avec les caméras, c’est vraiment particulier », décrit-il.
Nul n’est parfait
Mais la magie retombe vite une fois les défilés terminés. Si les Fashion Week sont des moments intenses dans la vie des mannequins, elles ne constituent pas l’essentiel du métier, « le quotidien d’un mannequin, c’est de rester dans son canapé et d’attendre que son agent l’appelle », explique Siobahn. Bien que des shooting photos viennent ponctuer certaines journées, l‘attente peut parfois être longue entre deux événements. Il ne faut cependant pas croire que ces périodes vides sont des vacances, le mannequin doit se tenir prêt à partir travailler à n’importe quel moment. Un rythme qui lui permet néanmoins de plus profiter de son entourage que lorsqu’il travaillait dans l’hôtellerie.
Ce quotidien en dents de scie, il se ressent également financièrement. Loin des sommes mirobolantes que l’on peut imaginer chez les plus grandes stars, pour les jeunes mannequins, tout n’est pas si simple, « si les marques ne veulent pas de moi, je ne gagne pas d’argent », affirme le jeune homme. Une incertitude financière qui se combine avec une rémunération parfois ridicule, « les défilés nous apportent plus de visibilité que d’argent, ce qui nous rémunère vraiment, ce sont les essayages de tenues ». Le prix des déplacements et des logements vient, lui aussi, se rajouter à cette forme de précarité.
Un avenir incertain
Face à ce fonctionnement, Siobahn Filliettaz reste détaché sur la suite de sa carrière. Conscient que tout peut s’arrêter du jour en lendemain, il savoure le moment présent. Aujourd’hui, les marques s’ouvrent de plus en plus à des mannequins âgés, chose que confirme le mannequin, « même si c’est très rare, il est possible de se reconvertir plus tard chez les mannequins seniors ».
La reconversion, c’est aussi la magie de la mode. Ce monde si particulier permet aux mannequins de s’imprégner de ses codes et de se retrouver dans les nombreux métiers qui le composent, « il y en a qui deviennent stylistes, les maisons aiment bien recruter des gens qu’elles connaissent », indique-t-il. Des perspectives encourageantes pour Siobahn Fillietaz, qui continue sa route et qui deviendra peut-être la future super star française de demain.