Sur les réseaux sociaux, Méta-Brouteur alerte sur les escrocs du net

13 juin 2024 à 7h58 par Guillaume Pivert

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Avec humour, Méta-Brouteur piège des escrocs originaires d’Afrique de l’Ouest, des brouteurs. Il s’agit aussi pour lui de faire de la prévention.

Il a presque 100 000 abonnés sur X. Depuis quatre ans, David, alias Méta-Brouteur « invente des canulars pour plonger les brouteurs dans des histoires dans lesquelles ils sont les acteurs malgré eux ». Les brouteurs, ce sont ces escrocs africains qui, avec de faux profils, parviennent à soutirer de l’argent à des personnes crédules.


 


Vibration : comment vous est venue l'idée de créer ce compte sur les réseaux ?


 


MB : J'embête les brouteurs bientôt 12 ans. Je faisais ça uniquement par amusement, sans esprit de justice derrière. C'était vraiment du troll, du canular. Je trouvais particulièrement amusant parce que je le faisais sur des gens qui étaient en posture de manipulation et de jeu de rôle. Ils jouent des personnages qu’ils ne sont pas du tout, qu'ils occidentalisent et je trouvais ça très marrant en fait de jouer au chat et à la souris comme ça. Et il y a quatre ans, j'ai voulu raconter mes petites histoires passées et c'est pour ça que j'ai créé le compte sur Twitter.


 


Vibration : c’est quoi exactement un brouteur ?


 


MB : Le terme brouteur en Côte d'Ivoire désigne quelqu'un qui, tel le mouton, va brouter sans rien faire. Voilà, c'était l'origine du terme. Au début, en tout cas en Côte d'Ivoire, ils se sont mis à arnaquer. Le principe était de dire que c'était facile, en manipulant des gens, de gagner de l'argent sans trop forcer, sans trop travailler. Ça a changé. Ils sont beaucoup plus nombreux, c'est beaucoup plus difficile. Maintenant, ils s'appellent plus des brasseurs, parce que c’est quand même quelque chose d'assez laborieux au final, de spammer à longueur de journée qui pour la plupart vont à peine gagner 50 euros par mois.


 


Pour certains, c'est vraiment leur activité principale, mais la grosse majorité, ce sont des petits jeunes qui ont un smartphone et qui veulent imiter leurs aînés qui ont réussi.


 


Vibration : Et quand vous les piéger, vous vous dites quoi ? Je piège un escroc ou j’évite qu’il piège quelqu’un pendant ce temps ?


 


MB : Avant tout je prends du plaisir, c'est ce qui compte le plus pour moi. Je n'ai pas trop envie de jouer, d'avoir cette posture de justicier. C'est important parce que ça me permet de prendre du recul par rapport à tout ça et de ne pas dépasser les limites. Le problème c'est que quand on joue au justicier, on se dit qu'on est du côté du bien et on voit les choses de manière un peu binaire.


 


Or, le sujet est quand même beaucoup plus complexe que ça parce qu'on sait que les conditions en Côte d'Ivoire, au Bénin, en Afrique de l'Ouest ne sont pas simples et on peut comprendre aussi. Je ne dis pas excuser, mais on peut comprendre que n'ayant pas de perspectives d'avenir, la plupart tombent là-dedans.


 


Donc je propose à ceux qui me suivent mes petites aventures pour faire rire et puis derrière, évidemment, le petit côté préventif, puisque ça permet aux gens qui me lisent d'avoir quelques petits signaux pour facilement les reconnaître.


 


Vibration : Alors justement quels conseils donneriez-vous pour se prémunir des brouteurs ?


 


MB : Il y a l'orthographe, mais certains écrivent très bien, mieux que moi. Il y a des histoires qui sont trop belles, ils mettent souvent en avant des personnes qui ne sont pas eux, des photos volées qui sont un peu trop alléchantes, des personnes qui sont trop beaux. Dans une histoire où ils essaient d'arnaquer par exemple une personne de 70 ans qui malheureusement a passé l'âge d’avoir des amourettes avec des petits jeunes bien musclés ou des bimbos.


 


Néanmoins, certains brouteurs ne mettent pas de photo en avant. Ils vont mettre une image un peu banale d'un chien.


 


Ce que je vous recommande, c'est de ne pas avoir un excès de confiance. Et le problème, c'est que les gens qui ne se croient pas influençables, qui ne se croient pas manipulables, c'est du pain béni pour les arnaqueurs. Les arnaqueurs en tout genre, pas que les brouteurs.


 


Vibration : Autre indice peut-être, le fait que l'argent vienne très vite dans la conversation ?


 


MB : Pas toujours. Les plus jeunes, vont parler d'argent vite, trop vite. Les plus aguerris, vont passer une phase qui s'appelle la mise en confiance qui peut durer des semaines avant de parler d'argent.


 


Vibration : Si on se fait avoir, que faut-il faire ?


 


MB : Il faut évidemment porter plainte. On peut le faire en ligne, sur la plateforme Thesee. Généralement, on ne peut pas porter plainte sur internet, mais quand c'est justement une arnaque et qu'il y a internet, il peut y avoir cette possibilité. Sachez que si vous vous êtes fait arnaquer par un brouteur, il va revenir, très probablement lui ou un copain, en se faisant passer pour un policier qui va vouloir monter un dossier, en tout cas vous présenter des choses comme ça, pour porter plainte et pour vous dédommager. Il va falloir à un moment avancer des frais. Donc faites attention. C'est l'arnaque Interpol, l'arnaque de la double peine, comme je l'appelle. Faites attention.


 


Vibration : En plus de votre activité sur les réseaux sociaux, vous souhaitez faire de la prévention auprès du grand public.


 


MB : Avec un ami, Romain Meunier, qui qui tient aussi un compte Twitter, on a voulu sortir un petit peu des réseaux sociaux et présenter mon travail de manière simple et pédagogique sur la forme d'une exposition aux collectivités.


 

Meta-Brouteur - X

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