Urbex : « L’idée n’est pas de détruire, il faut être curieux »
17 avril 2024 à 6h00 par Hugo Harnois
Une vieille bâtisse découverte par des urbexeurs
Crédit : Éléonore
La pratique de l’urbex – qui consiste à trouver et visiter des lieux abandonnés – semble faire de plus en plus d’adeptes en France. Entretien avec l’une des coordinatrices d’un groupe d’urbexeurs en région Centre-Val de Loire, Éléonore.
Maisons, appartements, bâtiments désaffectés… Les sites abandonnés ne manquent pas dans nos régions. Certains se sont passionnés pour ces derniers, on les appelle les « urbexeurs ». Éléonore pratique cette activité – illégale, puisqu’il s’agit d’entrer dans des propriétés privées – depuis plus de dix ans. Elle aime dans ce domaine tout le travail de recherches en amont, qui consiste à chercher des indices et des « spots » qui n’auraient pas encore été découverts. Une fois sur place, l’urbexeuse veut toujours tenter de comprendre ce qu’il s’est passé : « ça peut être des calendriers ou des courriers datant de 40, 50 ans, et ça peut nous permettre de dater le moment où le lieu a été abandonné. »
Des lieux abandonnés du jour au lendemain
D’après son expérience, les endroits qu’elle a visités sont souvent délaissés suite au décès de l’habitant. « Parfois il y a des dettes, et ceux qui héritent ne peuvent pas prendre en charge l’entretien et la réparation des lieux. Ou alors, les gens sont placés en maison de retraite et personne ne veut reprendre la suite. Il y a aussi certains grands châteaux qui ont été achetés pour faire du blanchiment d’argent par des étrangers qui ne sont jamais venus », explique Éléonore, qui aime aussi beaucoup photographier les spots historiques qu’elle visite.
Pour être un bon urbexeur, elle précise qu’il faut d’abord et avant tout respecter les lieux, « car l’idée n’est pas de détruire, il faut être curieux, et avoir l’œil un peu partout. Enfin c’est bien d’être sportif, puisqu’il arrive qu’il y ait des lieux difficiles d’accès. »
Des propriétaires parfois "virulents", voire "violents"
Parmi les lieux qu’elle a préféré visiter, Éléonore évoque notamment un ancien orphelinat « plutôt connu dans la région qui a servi aussi pendant la guerre, c’est le plus impressionnant en termes de taille ». Elle se souvient également d’un ancien hôpital où, dans le grenier, l’urbexeuse a trouvé des archives avec les dossiers médicaux des personnes qui étaient venues dans l’établissement : « je ne pensais pas du tout tombée là-dessus, c’était la seule partie où il restait des vestiges lisibles. »
On l’a dit, la pratique est illégale et pourtant, Éléonore avoue ne jamais avoir eu d’ennui avec la police. « Beaucoup ont déjà rencontré les flics en urbexant, mais s’il n’y a pas de détérioration, ils sont plutôt compréhensifs en nous disant de quitter les lieux. Pour ceux qui font de la photo, c’est pareil, mais on a toujours les rappels des règles », assure-t-elle. En revanche, les propriétaires peuvent parfois être « plus virulents, plus violents. Dans certains spots que j’ai déjà faits, des urbexeurs ont eu des chiens qui leur courraient après, ou des propriétaires avec des fusils. Ce ne sont clairement pas de belles rencontres, même si certains vont quand même être dans la discussion », conclut-elle.