Décès de Robert Badinter, artisan de la suppression de la peine de mort
9 février 2024 à 12h10 par Étienne Escuer
L’ancien ministre de la justice Robert Badinter, artisan de la suppression de la peine de mort, est décédé dans la nuit du 8 au 9 février.
Il avait fait de l’abolition de la peine de mort son grand combat : l’ancien ministre de la justice Robert Badinter est décédé dans la nuit du 8 au 9 février à l’âge de 95 ans. Avocat, il ne peut éviter en 1972 la condamnation à mort de l’un des clients, reconnu coupable de complicité dans une affaire de meurtre. L’affaire marque alors pour lui le début d’un combat pour abolir la peine capitale et il parvient à éviter ensuite la peine de mort à plusieurs de ses clients.
Nommé ministre de la Justice en juin 1981 par François Mitterrand, il porte dès les premiers mois un projet pour abolir la peine de mort. Robert Badinter prononce un célèbre discours devant l’Assemblée nationale : « Demain, grâce à vous, la justice française ne sera plus une justice qui tue. Demain, grâce à vous, il n'y aura plus, pour notre honte commune, d'exécutions furtives, à l'aube, sous le dais noir, dans les prisons françaises. Demain, les pages sanglantes de notre justice seront tournées. » Il parvient également à convaincre les sénateurs et le texte est voté en septembre par le Parlement, avant d’être promulgué le 9 octobre.
Robert Badinter quitte le ministère de la Justice en février 1986. Il entre alors au Conseil constitutionnel, qui présidera jusqu’en 1995. Il fut également sénateur des Hauts-de-Seine de 1995 à 2011. Tout au long de sa vie, il lutte contre toutes les formes d’injustice, notamment l’antisémitisme, lui qui est issu d’une famille juive. Son père est notamment arrêté lors d’une rafle à Lyon en 1943. Déporté, ce dernier ne reviendra pas. Ces dernières années, il œuvrait notamment pour la réinsertion des détenus et la paix à l’international.