Dossier environnement (3/5) : Made in Clémence, pour valoriser les déchets textiles
6 décembre 2023 à 6h00 par Hugo Harnois
3e épisode de notre dossier consacré cette semaine aux initiatives locales qui agissent en faveur de la planète. On retourne ce mercredi dans le Maine-et-Loire pour s’intéresser à « Made in Clémence ».
Elle n’a que 23 ans mais déjà de nombreuses idées en tête. Clémence Bressin a, comme elle dit, un « parcours particulier ». Après un Baccalauréat littéraire obtenu en 2018, la jeune femme souhaite « découvrir le monde plus concrètement » et fait une première année de prépa scientifique l’année suivante, avant de passer le Baccalauréat scientifique en candidate libre, qu’elle réussit également sans problème. En 2020, l’étudiante entre en Licence de biologie et en parallèle créé sa boîte.
« Made in Clémence » a pour objectif de transformer des matières destinées à aller à la poubelle en nouveau produit pour les particuliers et les professionnels. « On travaille principalement le linge de maison – drap, nappe, serviette de table – qu’on collecte auprès de nos partenaires : recyclerie, ressourceries, usines », explique la jeune femme. Des partenaires situés principalement dans le Maine-et-Loire, mais aussi ailleurs en France.
Impact environnemental...
Pour donner une nouvelle vie à ces matières textiles, Clémence fait appel aux ESAT (Établissement et Service d'Aide par le Travail, aux EA (Entreprises Adaptées), ainsi qu’à des ateliers d’insertion via Pôle Emploi. L’objectif étant d’avoir « un impact social » grâce à la formation professionnelle de personnes en situation de handicap, mais aussi celle des personnes sans emploi.
Après la technique appelée « surcyclage » ou « upcycling », les produits sont retournés à la startup avant d’être envoyés aux clients concernés. Même si les chiffres n’ont pas encore été actualisés, plus de 500 kilos ont déjà été valorisés depuis la création de l’entreprise en 2021. Pour les particuliers, le textile est revalorisé en éponge lavable, serviette de table, coton lavable ou encore en bouillote sèche. Clémence évoque grâce à ce concept « un cycle complet de réduction de déchet. L’idée, c’est que l’on réduit nos déchets avec ce que l’on fait, et les gens peuvent réduire les déchets avec les produits achetés ». Le catalogue est élargi à destination des professionnels et propose notamment des sacs à pain pour les boulangeries, des goodies ou encore des objets publicitaires.
... et social
L’entrepreneuse est très claire là-dessus, il y a deux lignes directrices dans son projet : d’une part « la valorisation des déchets textiles », et d’autre part « l’impact social et environnemental. » C’est pourquoi elle se rend au moins une fois par mois dans l’une de ses usines-partenaires pour être au plus près de ses collaborateurs. « C’est l’occasion de rencontrer les travailleurs, ils me montrent ce qu’ils ont fait. On sent que ce que l’on fait ne sert pas à rien, on leur est utile, on leur apprend des choses qu’ils sont contents de faire. Et c’est super important pour moi d‘avoir un retour, et pouvoir améliorer les choses par rapport à leur capacité de travail ». Car elle et son équipe doivent imaginer « de petites astuces » pour que ces travailleurs puissent assurer leurs missions et s’adapter malgré « telle ou telle contrainte moteur ou mentale ».
Après plus de deux ans d’activité, Clémence assure que la startup a évolué « de manière très positive, je n’ai pas besoin de démarcher. Il y a une forte demande des entreprises, une croissance assez impressionnante ». Elle qui, à l’origine, s’était lancée dans cette aventure sans penser que « ça prendrait autant d’ampleur. Ce projet je ne l’ai pas construit, il est venu à moi. » Si l’entrepreneuse savait parfaitement coudre après avoir appris grâce à la machine que lui a offerte sa grand-mère à l’âge de 16 ans, son projet a toutefois « beaucoup pivoté. J’ai écouté les gens, ce qu’on m’a dit, et j’ai essayé de faire au mieux avec les compétences que j’avais. J’ai toujours été très impactée par les rencontres, ce sont les gens qui m’ont permis de faire ce que je fais aujourd’hui, la vie est bien faite. »
À long terme, Clémence se voit bien nouer des partenariats d’ateliers avec des centres pénitentiaires, et être en lien plus étroit avec le secteur du tourisme : « il y a plein de possibilités. » Actuellement seule salariée de son entreprise, elle aimerait enfin recruter des personnes en alternance, mais aussi valoriser deux, voire trois fois plus de matières.