La ligue contre le cancer se mobilise contre la pénurie de médicaments
14 septembre 2020 à 8h47 par Iris Mazzacurati avec AFP
22% des signalements de médicaments manquants concernent la cancérologie. La Ligue contre le cancer lance donc, lundi 14 septembre, une campagne de mobilisation pour donner la parole aux malades, qui sont les premières victimes de cette pénurie.
Sont essentiellement touchés des médicaments génériques, très peu chers, mais importants en cancérologie.
"Ce phénomène incontestablement a pu être aggravé par la Covid, mais en aucun cas n'a été créé par la Covid. C'est vraiment un problème lié à la structure économique du marché du médicament", explique le Pr Axel Kahn, président de la Ligue contre le cancer.
Le problème était déjà grave et préoccupant avant la crise sanitaire provoquée par l'épidémie de Covid-19. Avec 1 499 médicaments signalés en difficulté ou rupture d'approvisionnement auprès de l'Agence du médicament ANSM.
"L'année 2019 atteint un record avec 34 fois plus de pénuries signalées qu'en 2008", note la Ligue qui se bat de longue date contre ce fléau, car ces signalements n'épargnent pas la cancérologie (concernée par 22% des signalements en 2017).
La Ligue réclame notamment des sanctions financières contre les laboratoires qui n'assumeraient pas l'approvisionnement, ainsi que l'information des malades concernés et leur recensement et des études mesurant leurs pertes de chances.
Témoignages en ligne
Pour recueillir les témoignages, la Ligue a ouvert un site web penuries.ligue-cancer.net. En plus de cette collecte de "cahiers de doléances électroniques", elle lance une campagne d'affichage "Cher patient, pour votre médicament, merci de patienter".
95% des pharmaciens hospitaliers constatent une aggravation du phénomène, selon un sondage Ipsos réalisé du 29 octobre au 4 décembre 2019 pour la Ligue auprès d'un échantillon représentatif de 500 professionnels de santé (pharmaciens de ville et d'hôpital, cancérologues, généralistes...).
74% des professionnels de santé interrogés déclarent avoir déjà été confrontés à des pénuries de médicaments contre le cancer pendant leur carrière.
Les trois quarts des soignants interrogés sont d'accord pour dire que malgré l'existence de médicaments de substitution, ces pénuries entraînent une perte de chance pour les malades. 45% des professionnels constatent une détérioration de la survie 5 ans après le diagnostic de la maladie chez les patients touchés par ces pénuries. Un chiffre qui s'élève à 68% parmi les oncologues qui font l'expérience de pénuries.