Mort d'Adama Traoré : les juges ordonnent une nouvelle expertise médicale
10 juillet 2020 à 14h00 par Virgil Bauchaud avec AFP
Nouveau rebondissement ce vendredi dans l'affaire Adama Traoré. Après une récente audition clé, les juges d'instruction ont demandé une nouvelle expertise médicale auprès de médecins belges. Depuis le début de l'enquête, les expertises se contredisent.
Les juges d'instruction chargés de l'affaire Adama Traoré, ont "demandé une nouvelle expertise médicale" à des médecins-experts belges, a appris l'AFP vendredi de sources concordantes. Le jeune homme est mort en 2016 dans le Val d’Oise, après son interpellation par des gendarmes.
Cette demande fait suite à l’audition par les juges d'instruction le 2 juillet "du témoin chez qui Adama Traoré s'était réfugié" après une première tentative d’interpellation. L’annonce a été faite via un communiqué de Me Rodolphe Bosselut, Pascal Rouiller et Sandra Chirac Kollarik, avocats des gendarmes qui n'ont pas été mis en examen dans ce dossier. D'après eux, ce témoin-clé a "conforté" son premier témoignage, en indiquant qu’Adama Traoré lui avait indiqué au sol qu’il allait mourir.
Bataille d’expertises entre les parties
"Les gendarmes se félicitent de la teneur de la mission d’expertise qui pose notamment l'hypothèse de l’hyperthermie maligne au regard d’éléments troublants qui avaient déjà été mis en exergue par eux dans le cadre des précédentes expertises judiciaires", écrivent les avocats. L'hyperthermie maligne d'effort se produit au cours ou juste après un exercice physique intense et prolongé, et associe une altération de la conscience et une hyperthermie sévère (température supérieure à 39°C).
Cette thèse de l'hyperthermie comme l'une des causes de la mort d'Adama Traoré est défendue de longue date par ces avocats des gendarmes : pour l'étayer, la défense se réfère notamment à la température de cet homme deux heures après son décès, à 39,2°C un jour de canicule, et sur le témoignage du témoin chez qui il s'est réfugié. Les sept experts missionnés par la justice ont jusqu'ici mis en avant des antécédents médicaux -notamment cardiaques et génétiques - pour expliquer ce décès, dédouanant ainsi les gendarmes.
Me Yassine Bouzrou, l'avocat des parties civiles, avait lui affirmé que ce témoin s'était "rétracté" le 2 juillet face aux juges d'instruction. Les rapports de quatre médecins choisis par la famille ont au contraire balayé ces conclusions et mis en cause les forces de l'ordre à qui ils reprochent un "plaquage ventral" aux conséquences mortelles, les gendarmes contestant avoir utilisé cette technique.