Grand oral de Michel Barnier : que faut-il retenir ?
1er octobre 2024 à 16h43 par Alicia Méchin
Grand oral de Michel Barnier à l'Assemblée Nationale
Crédit : ALAIN JOCARD / AFP
Un peu plus de trois semaines après sa nomination à Matignon, c’était ce mardi le Grand Oral de Michel Barnier à l’Assemblée Nationale. Le Premier ministre a prononcé son discours de politique générale. Et voici ce qu’il faut retenir.
Le discours a été prononcé dans une cacophonie sans nom, et ce quasiment tout du long, portée notamment par les députés LFI. Homme de droite, la nomination de Michel Barnier est évidemment fortement décriée, alors que les dernières législatives ont mis la gauche en tête. Inutile donc de préciser que celui qui se réclame du « gaullisme social » était attendu au tournant, à travers notamment ce discours de politique générale. Au menu, pas d'annonce "choc", pas de mesure concrète mais des grandes lignes.
Dette publique
Au cœur de l’actualité ces derniers jours, l’épineuse question de la dette publique, vue comme « une épée de Damoclès » selon le chef du gouvernement. Michel Barnier a choisi d’aborder cette thématique dès le début de son discours, en évoquant la dette « colossale » des finances publiques. "Notre volonté est de ramener le déficit de notre pays à 5 % en 2025" et de "revenir sous le plafond de 3% en 2029", annonce le Premier ministre. Comment ? Par la lutte contre la fraude et la réduction des dépenses.
Le Premier ministre a également évoqué « une contribution exceptionnelle » des Français les plus fortunés, ciblant également les "grandes entreprises qui réalisent des profits importants", sans pour autant détailler le fond de sa pensée.
Dette écologique
Couvert par le bruit (toujours) émanant des tribunes, Michel Barnier évoque « l’autre épée de Damoclès » : la dette écologique, thème cher là aussi à la gauche. Le Premier ministre dit notamment vouloir poursuivre le développement des énergies renouvelables « en mesurant mieux leurs impacts », et annonce également une « grande conférence sur l’eau », la simplification de performance énergétique et un meilleur accompagnement pour la rénovation thermique.
Lignes rouges
Critiqué pour avoir en 1981 voté contre la dépénalisation de l’homosexualité, ou pour avoir choisi dans son nouveau gouvernement des ministres pro Manif pour Tous, Michel Barnier prévient qu’aucune liberté ne sera remise en cause. Aucun retour en arrière n’est prévu, ni sur le droit à l’avortement, ni sur le mariage pour tous ou sur les dispositions législatives sur la PMA.
Auparavant, le Premier ministre a également listé ses « lignes rouges », précisant qu’aucune tolérance ne sera accordée à l’égard du racisme, de l’antisémitisme, des violences faites aux femmes, du communautarisme, et de la laïcité.
Pouvoir d’achat
Parmi les chantiers prioritaires évoqués par Michel Barnier, on retrouve en première position l’amélioration du niveau de vie des Français, annonçant notamment une revalorisation du Smic de 2% au 1er novembre, et un nouveau livret d’épargne à l’étude, dédié à l’industrie.
Sans détailler plus ses propos, Michel Barnier annonce également vouloir « relancer l’intéressement et la participation pour les salariés », pas seulement dans les grandes entreprises…
L’accès aux services publics
Deuxième chantier prioritaire évoqué par Michel Barnier : l’accès aux services publics de qualité, avec en ligne de mire la lutte contre les déserts médicaux. Là aussi, sans donner plus de détail, le Premier ministre évoque notamment une « loi infirmiers-infirmières » pour leur donner un rôle plus élargi, qui pourrait s’appliquer aux pharmaciens et kinésithérapeutes.
La sécurité dans chaque territoire
Réclamant des résultats « rapides » et « concrets », Michel Barnier annonce la création de nouvelles brigades de gendarmerie. Il promet alors que les procédures administratives seront réduites pour « augmenter le temps de présence des forces de l’ordre sur la voie publique ».
Applaudi par les députés LR, Michel Barnier promet également d’éventuelles comparutions immédiates pour les délinquants de plus de 16 ans, et des peines de prison « courtes et immédiatement exécutées pour certains délits ». En ligne de mire ? Le trafic de drogue et l’économie souterraine.
L’immigration
Quatrième chantier prioritaire évoqué par le Premier ministre : la politique migratoire. Le Premier ministre souhaite que la France contrôle mieux ses frontières, demandant notamment à ce que le pacte européen sur l’immigration et l’asile soit mis en place « sans délai ». Ce dernier prévoit notamment des contrôles aux frontières externes de l’Union européenne. « La France continuera, aussi longtemps que nécessaire, à rétablir des contrôles à ses propres frontières ».
Concernant l’application des OQTF, Michel Barnier dit vouloir faciliter la prolongation exceptionnelle de la rétention des étrangers en situation irrégulière, « pour mieux exécuter les obligations de quitter le territoire français".
Fraternité
Enfin dernier chantier, « celui de la fraternité ». Le Premier ministre appelle à lutter contre la pauvreté, à faire reculer l’isolement et la solitude, et à encourager le bénévolat.