L’immobilier, un secteur en crise ?

Publié : 26 septembre 2023 à 6h00 par Alicia Méchin

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Crédit : Pixabay

Taux immobiliers qui s’envolent, prix en légère baisse, et banques frileuses… Acheter ou vendre est devenu un peu plus difficile ces derniers mois. Si bien que certains observateurs parlent d’un secteur en crise.

Le secteur de l’immobilier est en pleine mutation, et cette transition est loin d’être douce. Ces deux dernières années ont été remarquables. Après le COVID, les Français ont été nombreux à vouloir acheter ou vendre… bref, à changer de vie ! Et les conditions leur étaient plutôt favorables. En 2021 par exemple, les taux tournaient autour des 1%... du jamais vu !


Mais toutes les bonnes choses ont une fin. Et on parle aujourd’hui de taux à 4%. Conséquences : le pouvoir d’achat immobilier a pris une sacrée claque, du moins… dans les esprits. Car en réalité, c’est un juste retour à la normale. « Ce n’est pas une crise de l’immobilier, c’est un rééquilibrage, comme nous l’explique Karine le Frapper de LEX IMMO à Orléans. Il y a deux ans, non, on n’était pas « normal » à faire autant de ventes après le COVID, et les taux étaient exceptionnellement bas. Là, on a eu une baisse depuis trois mois de chiffre d’affaires, mais c’était le temps que les gens s’habituent aux nouveaux taux. Là ça y est, l’immobilier reprend, à la normale ».


Là où ça coince en réalité, c’est que les prix des biens ne baissent pas aussi vite que les taux grimpent. La négociation est alors devenue presque coutume. « Bien sûr que la négociation est possible, ajoute Karine Le Frapper, et on la conseille indirectement puisque les vendeurs n’ont pas encore acquis dans leur tête que l’immobilier est en train de baisser ».


En revanche, pour certains c’est la douche froide. Car même s’il est conseillé de négocier, certains acheteurs n’ont pas pris conscience qu’avec les taux actuels, leur pouvoir d’achat reste limité. « Il y a des biens qui sont surévalués, selon Cécile Grandvilliers du Club de l’Immo. Et les gens viennent quand même visiter. Ils entendent tellement qu’il faut négocier, qu’ils arrivent tous parfois avec des budgets qu’ils n’ont pas ».


 


Crise du locatif


 


S’ajoutent à cela des banques un peu plus frileuses, qui accordent plus difficilement des prêts, et tout est réuni pour faire « capoter » un projet immobilier… au profit du locatif ! Mais le locatif a ses limites, car aujourd’hui la demande est nettement supérieure à l’offre.


Si bien que plusieurs villes ont été classées en « zone tendue ». Comme Orléans et les communes aux alentours comme Olivet, Fleury-les-Aubrais ou Saint-Cyr-en-val. Les locations sont moins nombreuses, au profit du saisonnier. « Il y a de moins en moins de biens sur le marché, et il y a de plus de plus de demandes, précise Cécile Grandvilliers. Depuis 2 ans on a des centaines d’étudiants qui sont à la rue en septembre parce qu’on a perdu énormément de petits biens (…) On subit ce qui est vécu par d’autres villes, où aujourd’hui beaucoup de biens qu’on vend c’est pour du airbnb ».


Donc si l’on doit parler de crise de l’immobilier, on parle en réalité de crise du locatif, le « mal du siècle » de la profession. Les ventes, elles, sont toujours réalisées, même si l’on vend moins vite ou moins cher. Les prévisions pour les prochaines années tablent sur une stabilisation des taux, mais une baisse des prix des biens.