L'intelligence artificielle, ça pollue ?

10 juillet 2024 à 11h21 par Théo Palud

Crédit : Pixabay - Photo d'illustration

Alors que l’IA se développe et est de plus en plus sollicitée, son empreinte environnementale a de quoi nous interroger.

 


La semaine dernière, Google révélait dans un rapport que ses émissions de gaz à effet de serre avaient augmenté de près de moitié par rapport à 2019 (son année de référence), pour atteindre près de 14,3 millions de tonnes de CO2. En cause notamment : l’explosion des besoins en intelligence artificielle.


Et quand on sait que par exemple ChatGPT revendique 180 millions d’utilisateurs mensuels et qu’il est devenu le 21ème site le plus visité au monde devant Netflix ou encore Twitch, l’IA risque d’être de plus en plus sollicitée et in fine, de polluer plus...


 


Un logiciel très gourmand


Déjà, il faut savoir que l’empreinte environnementale du numérique se situe entre 3 à 4% des émissions des gaz à effet de serre dans le monde et 2,5 % en France. Ces émissions pourraient augmenter de 60% d’ici 2040.


Et pour l’IA, c’est surtout dû au fait que les algorithmes utilisés ont besoin d’être entrainés pour fonctionner, via le deep learning, ce qui est très énergivore en électricité. Beaucoup plus que les moteurs de recherches standards. D’après une étude publiée en 2021, l’apprentissage du modèle de ChatGPT-3 aurait consommé à peu près autant d’électricité que 120 foyers américains sur un an, soit 1287 gigawattheures.


Beaucoup d’eau est aussi utilisée par les centres de données afin d’éviter la surchauffe. D’après une autre étude, l’entraînement de ChatGPT-3 a nécessité l’utilisation de 700 mètres cubes d’eau. À l’échelle individuelle, lui poser entre 25 et 50 questions équivaudrait à utiliser un demi-litre d’eau !


 


Une pollution équivalente à une centaine de liaisons aériennes


Et tout ça, ça rejette du CO2. D’après une étude de l’Université de Massachusetts, le processus de formation de certains modèles d’IA peut émettre près de 626 tonnes de CO2, ce qui équivaut à près de 125 voyages aller-retour entre New York et Pékin. C’est presque 5 fois les émissions de toute une vie d’une voiture moyenne. Pour Greenly, une plateforme française d’évaluation des gaz à effet de serre, c’est 240 tonnes de CO2 expulsées soit 136 allers-retours entre Paris et New York.


De quoi inquiéter pour l’avenir. Selon l’ADEME et l’Arcep, l’IA devrait générer 50 millions de tonnes de CO2 en 2050 en France soit trois fois plus qu'aujourd'hui.


 


Créer des "algorithmes responsables"


Alors pour réduire l’impact environnementale de l’IA, plusieurs pistes. Développer des systèmes de refroidissements écoénergétiques ou alimenter les centres de données en énergie solaire ou par de l’éolien. Mais aussi concevoir des modèles plus responsables et moins énergivores. À l’image de l’entreprise Hugging face, dont les expulsions en CO2 de leur algorithme BLOOM sont 30 fois inférieures à celles de ChatGPT-3.