Sport de haut niveau : le cycle menstruel de moins en moins tabou ?

Publié : 25 janvier 2022 à 11h08 par Étienne Escuer

La joueuse du Fleury Loiret Handball Laura Kamdop.

Crédit : Commons - Shev123

Longtemps tabou, le sujet de l’impact du cycle menstruel sur les performances sportives est aujourd’hui de plus en plus évoqué.

« Nous avons à tort intégré le fait que cette souffrance est personnelle, secrète, sale et qu’il faut vivre avec en silence. » En mai 2020, la handballeuse française Estelle Nze Minko (passée par le Fleury Loiret Handball en 2015-2016) s’indignait dans une tribune sur le tabou qui règne autour des règles. « Je fais du sport de haut niveau depuis plus de 10 ans et l’on m’a posé des questions sur mes menstruations pour la première fois l’année dernière », explique-t-elle alors.


 


Un « coup de sang » qui n’est pas passé inaperçu dans le milieu du sport. Car le cycle menstruel n’est pas sans conséquences sur les performances sportives. Pivot du Fleury Loiret Handball, Laura Kamdop le constate en effet chaque mois. « Il y a beaucoup plus de fatigue pendant les règles, et des douleurs plus ou moins élevées selon chaque personne, au ventre ou dans le bas du dos », confie-t-elle. Le risque de blessure est quant à lui plus important, avec des ligaments plus fragiles. « Il faut savoir écouter son corps et s’adapter », poursuit Laura Kamdop. « Peut-être faire des séances moins intensives et communiquer pour dire qu’on se sent un peu moins bien. »


 


A Fleury, le préparateur physique évoque le sujet avec les joueuses


 


Preuve que le sujet semble de moins en moins tabou, « cette année on a un préparateur physique qui a demandé aux joueuses si elles étaient d’accord ou pas de communiquer sur les dates de leurs règles », explique la pivot fleuryssoise. Et ce, afin de pouvoir adapter les séances de chaque joueuse à cette période. Une initiative appréciée par Laura Kamdop. « J’étais super contente qu’on ait cette discussion, de pouvoir prévenir le préparateur physique que j’étais indisposée, que je ne pouvais pas faire la séance de cardio à 200%, par exemple », poursuit-elle.


 


Les sportives n’ont toutefois pas attendu une récente prise de conscience masculine pour évoquer le sujet. « Entre joueuses, on en parle, on en rit parfois, on donne des conseils à celles qui en souffrent un peu plus », confie Laura Kamdop. « On est des femmes, on se comprend, ce n’est pas du tout tabou. » En revanche, du côté des staffs des équipes féminines, souvent encore très masculins, « il y avait peut-être une limite de confidentialité », estime la pivot du Fleury Loiret Handball. « Je pense qu’il ne faut pas leur en vouloir, ils avaient peut-être peur que les joueuses le prennent mal. »


 


La joueuse se réjouit en tout cas que le sujet soit désormais abordé beaucoup plus facilement. Il pourrait même être évoqué dès le centre de formation, selon elle. « Peut-être en parler avec les jeunes, leur dire que le staff est présent si besoin, qu’il ne faut avoir peur de dire qu’on se sent moins bien à cette période-là », conclut Laura Kamdop.