Dissolution de l’Assemblée nationale : quels sont les scénarios possibles ?
Publié : 10 juin 2024 à 12h21 par Étienne Escuer
Le président de la République Emmanuel Macron a annoncé dimanche 9 juin la dissolution de l’Assemblée nationale. Qu’est-ce que cela implique ?
Les Français sont donc de nouveau appelés aux urnes. Après le revers de la majorité présidentielle aux élections européennes, Emmanuel Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Des élections législatives se tiendront les 30 juin et 7 juillet.
Quels sont les différents scénarios possibles ?
Celui sur lequel table Emmanuel Macron, c’est une victoire de son camp, avec une majorité pour Renaissance, qu’elle soit relative, dans une coalition avec d’autres partis, ou absolue. Cela lui redonnerait une légitimité pour gouverner. Il existe un précédent puisque le Général de Gaulle avait fait le même choix en 1962 puis en 1968. Les électeurs avaient alors maintenu leur confiance à la majorité présidentielle et le chef de l’État était sorti renforcé de cette dissolution.
Mais Emmanuel Macron n’est pas à l’abri d’une déconvenue comme en 1997. Jacques Chirac avait dissous l’Assemblée nationale et vu la gauche remporter les élections, instaurant ainsi une cohabitation. C’est ce qui pourrait se passer de nouveau, sauf que c’est cette fois le RN qui semble en position de gagner des députés. Fin 2023, un sondage secret commandé par le parti Les Républicains sur les conséquences d’une dissolution, donnait une majorité de sièges au parti d’extrême-droite.
Qu’impliquerait une cohabitation ?
D’abord, disons-le, cela reste une hypothèse parmi d’autres. Les élections législatives peuvent aboutir à une victoire de Renaissance, ou un status quo avec la situation actuelle. Une victoire de la gauche, partie désunie aux européennes, semble plus difficile. Si le RN venait effectivement à remporter la majorité aux législatives, Emmanuel Macron serait contraint de nommer un Premier ministre issu de ce parti. Le pouvoir serait alors partagé entre Emmanuel Macron et son opposition. La situation s’est déjà produite à trois reprises sous la Cinquième République.
Comment gouverner dans ce cas-là ? Il faudrait alors faire des consensus. La tradition veut que le chef de l’État garde des domaines réservés, notamment la politique étrangère et les armées, là où son opposition s’occuperait surtout de la politique intérieure. Le président de République serait ainsi relégué à un rôle secondaire, même s’il aurait toujours un pouvoir de nuisance, en refusant de signer les ordonnances, des textes qui permettent au gouvernement de légiférer sans passer par le parlement.
Emmanuel Macron ne pourra en tout cas pas dissoudre la nouvelle assemblée élue avant au moins un an. Il peut en revanche faire le choix de démissionner, estimant ne plus avoir les moyens de mettre en place son programme. Convoquant cette fois une nouvelle élection présidentielle.