L’une des plus grandes sommelières au monde vient d’Angers

7 février 2024 à 6h00 par Hugo Harnois

Pascaline Lepeltier
Pascaline Lepeltier
Crédit : Site Internet Pascaline Lepeltier

Après avoir participé au concours mondial de sommellerie à Paris l’an dernier, l’Angevine Pascaline Lepeltier représentera à nouveau la France pour la compétition européenne qui aura lieu en novembre. Portrait d’une femme ambitieuse passionnée par le vin, et tout ce qu’il représente.

C’est l’une des plus grandes sommelières du monde, et elle vient d’Angers ! Après une prestigieuse 4e place décrochée l’an dernier lors du concours mondial de sommellerie à Paris, Pascaline Lepeltier représentera à nouveau la France à l’occasion du concours européen, qui se déroulera à Belgrade, en Serbie.

 

"J'ai pris le virus du vin"

Installée depuis plus de dix ans aux États-Unis où elle est sommelière dans un grand restaurant à New-York, « le vin est entré dans ma vie relativement tardivement, raconte Pascaline. Je préparais des concours d’enseignement pour être professeure de philosophie. J’ai fait une année de césure, j’ai commencé à travailler dans une cave à vin et c’est là que j’ai pris le virus du vin. J’ai enchainé des diplômes de management en restauration qui m’ont conduite à gouter de plus en plus de vin. »

Passer de la philosophie au vin est plus logique que l’on pourrait le croire, selon l’Angevine : « j’ai trouvé dans le vin ce qui m’intéressait dans la philosophie, c’est un prisme incroyable pour comprendre ce qui nous entoure. Le vin est un véhicule de civilisation exceptionnelle qui touche tous les métiers de l’humain et toutes les dimensions de la nature. C’est fascinant pour rencontrer les hommes et les paysages, et cette discipline permet de comprendre comment on habite ce monde ». La sommelière se dit également fascinée par le sens du goût : « un sens fondamental qui touche au plaisir, à la santé, à l’éducation, mais qui est malmené par notre société aujourd’hui. » 

 

Destination Belgrade

Autant d’arguments qui l’ont poussée à se lancer dans la compétition. Après Paris l'année dernière, l’Angevine a de nouveau été sélectionnée cette année pour représenter la France en novembre prochain à Belgrade, en compagnie de trois autres collègues. « C’est beaucoup de fierté et d’humilité, nous sommes une nation de sommellerie, le niveau est très haut. Et c’est peut-être encore plus intéressant cette année, car on a créé une équipe. D’ailleurs, je ne pense pas que les gens réalisent à quel point il y a de choses à savoir et à maitriser pour prétendre à un titre international », affirme-t-elle.

Il faut dire en effet que la compétition s’avère très ardue. Au programme : trois étapes (quart de finale, demi-finale et finale) avec, à chaque fois, trois grands domaines de compétences à parfaitement maîtriser. D’abord la théorie en révisant tout ce qui se fait au niveau de la culture du vin dans le pays hôte de la compétition, en passant par la gastronomie, la viticulture à l’œnologie. C’est « un gros questionnaire pointu », insiste Pascaline. Ensuite sont prévues des dégustations à l’aveugle et en contexte avec n’importe quel vin ou n’importe quelle autre sorte de boisson du monde, telle que le café, le thé ou les boissons sans alcool. Enfin, les candidats seront jugés sur la pratique avec un temps très limité pour faire des actes techniques. En résumé, synthétise l’Angevine, « il faut une très bonne connaissance du pays qui nous accueille, et la Serbie est une région viticole historique. » Dernier obstacle : la compétition pour la représentante française se fera exclusivement dans la langue anglaise.

 

Sommelier / sportif : même combat

Dans ce concours, ce qui intéresse la sommelière new-yorkaise, c’est de « comprendre les régions que j’étudie. Il y a également l’aspect sportif, c’est un entrainement. Je travaille avec un coach qui suit l’équipe de France de tir à l’arc. Il faut faire attention à son physique, sa nutrition, car on travaille énormément avec notre corps quand on déguste du vin. Si on n’est pas en forme, cela affecte totalement la façon dont on goûte le vin. C’est vraiment top comme entrainement mais il faut aimer ça », s’amuse celle qui a déjà le nez plongé dans les livres en vue de la compétition qui n’aura lieu que dans plusieurs mois.

L’objectif de cette nouvelle participation à un concours international, pour Pascaline, c’est de valoriser son métier de sommelière, et « continuer à aller chercher l’excellence, la recherche du geste juste. Pour cela, la compétition nous force à nous transcender. » Celle qui se dit très fière d’être française précise que notre pays n’a pas gagné depuis déjà quelques années. Mais au-delà d’aller chercher un titre pour sa nation, le but est également de mettre en avant son métier, car « il y a une crise des vocations dans les métiers de la restauration. »

Enfin, cette aventure, c’est aussi une nouvelle déclaration d’amour au vin. Comme cela a déjà été le cas lorsque Pascaline Lepeltier a pris une nouvelle casquette, celle d’autrice, en publiant en 2022 son livre Mille vignes, penser le vin de demain. « J’ai voulu apporter ma petite pierre à l’édifice par rapport à la vision du vin qu’on a aujourd’hui. Il y a beaucoup de questions sur l’addiction, la consommation d’alcool, la dangerosité pour la santé. Mais d’un autre côté, on ne peut pas ignorer la vertu civilisationnelle du vin. Ce serait dommage de perdre l’héritage que l’on a, et de ne pas l’enseigner en montrant que ça peut être un vecteur d’émancipation », conclut-elle, avec l’idée d’apprécier le vin avec « conscience, art et ritualisation. »