Assassinat de Samuel Paty : la collégienne qui avait dénoncé le professeur avoue avoir menti

Publié : 8 mars 2021 à 11h02 par Iris Mazzacurati

VIBRATION
Samuel Paty aurait été assassiné à cause d'un mensonge.
Crédit : Redaction / Etienne Escuer

Ses accusations avaient conduit au tragique assassinat du professeur d'histoire-Géo, Samuel Paty, le 16 octobre 2020 à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines). Mise en examen depuis le 25 novembre pour dénonciation calomnieuse, Z. a reconnu avoir menti...

Elle a menti pour ne pas se faire gronder. Pour ne pas décevoir son père, Z, 13 ans, avait accusé le professeur d’histoire-géo de 4e du collège du bois d'Aulne d’avoir stigmatisé les élèves musulmans lors d’un cours sur la liberté d’expression autour des caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo.

A l’époque, la jeune fille, complexée par la réussite scolaire de sa sœur jumelle et aux prises à des relations familiales tendues, n’ose pas avouer à son père les vraies raisons de son exclusion pour absentéisme.

Elle avait donc accusé Samuel Paty d’avoir demandé aux élèves de confession musulmane de sa classe de sortir afin qu'il puisse montrer une caricature du prophète Mahomet nu, publiée dans le journal satirique, à l’occasion de son cours du 6 octobre, intitulé Situation de dilemme : être ou ne pas être Charlie.

Après qu’elle a signifié sa réprobation, l’enseignant l’aurait exclue pour deux jours.

Sauf que... Z. n’a jamais assisté à ce cour.

Ce qui ne l’empêche pas le 8, de déposer plainte contre le professeur pour « diffusion d'image pornographique ».

Poussée par ses camarades ?

« J'ai menti sur un truc. » a finalement avoué Z devant le juge antiterroriste. C’est une camarade de classe qui lui aurait parlé du cours « auquel elle n'a pas assisté en raison de son exclusion. » relève Le parisien - Aujourd'hui en France.

Il s’avère que Samuel Paty, loin de forcer les élèves musulmans à sortir, aurait plutôt proposé à ceux que les images pourraient heurter, de simplement fermer les yeux.

Mais une partie de sa classe aurait poussé selon elle, pour que Z. fasse croire à la CPE qu'elle avait vu les caricatures.

« Si je n'avais pas dit ça à mon père, il n'y aurait pas eu tout ça et ça n'aurait pas pris cette ampleur. » regrette Z. devant le juge, peut-on lire dans le quotidien.

Un engrenage tragique

Dès lors, la polémique enfle autour de cette prétendue islamophobie. Relayée, nourrie et entretenue sur les réseaux sociaux par le père de la jeune fille, Brahim Chnina, et un militant islamiste fiché S, Abdelhakim Sefrioui.

C’est là que Abdoullakh Anzorov, 18 ans, jeune tchétchène radicalisé d’Evreux (Eure), s’empare de cette « cause » dans laquelle il voit l’occasion de faire son djihad. Le 16 octobre, il décapite Samuel Paty.

Pour Me Mbeko Tabula, l'avocat de Z. hors de question de faire « porter la responsabilité de cette tragédie sur le mensonge d'une gamine de 13 ans. » confie-t-il au Parisien-Aujourd'hui en France. « C'est le comportement excessif du père qui enregistre et poste une vidéo incriminant le professeur qui conduit à cet engrenage. Ma cliente a menti mais même si cela avait été vrai, la réaction de son père aurait été tout autant disproportionnée. »

Brahim Chnina, mis en examen pour complicité d’assassinat terroriste, avait mené une campagne de dénigrement d’une extrême violence envers Samuel Paty, avant d’avouer à son tour que la virulence de ses propos n’avait pas grand-chose à voir avec le cours du professeur d’histoire géo.

« Après 100 jours exactement, depuis ce drame, j'ai été con, stupide, rembobine-t-il devant le magistrat. Je dois la vérité à cette famille-là, à M Paty, à toute la France (...) Quand j'ai entendu le message de ma fille, ce sont les deux jours d'exclusion de ma fille qui m'ont fait mal. (...) Les caricatures, je m'en fiche. », peut-on lire dans Le parisien-Aujourd’hui en France.

Après avoir repris sa scolarité par correspondance, Z. a repris le chemin des bancs de l’école, loin du collège du bois d'Aulne.