Le musée-mémorial du terrorisme ouvrira en 2027 : quelle sera sa mission ?
Publié : 11 mars 2021 à 11h04 par Iris Mazzacurati
Il devra mettre en avant la capacité de "résilience et de résistance" de la France face aux attentats. Annoncé par Emmanuel Macron en septembre 2018, le premier musée-mémorial national du terrorisme devrait être inauguré en 2027, à Paris.
A l’occasion de la 2e journée nationale d’hommage aux victimes du terrorisme se tient, ce jeudi 11 mars, le responsable du projet, l'historien Henry Rousso a précisé à l’AFP quelles seront les différentes missions du musées-mémorial :
"Nous concevons le mémorial et le musée ensemble, donc comme un lieu qui a cette double vocation, de lier la fonction de transmission et d'hommage, de tenir ensemble, fonction d’émotion et réflexion", explique l'historien.
Le but étant, « d’alléger le fardeau mémoriel » porté depuis toutes ces années par les victimes, leurs proches et les associations. Une direction louée par Arthur Denouveaux, président de l’association Life for Paris, regroupant des victimes des attaques du 13 novembre 2015, sur le site 20Minutes.fr : « C’était important pour nous que la mémoire sorte un peu de nos mains. Si, un jour, nous voulons être en mesure de nous détacher de ce qui nous est arrivé, c’est bien que la société s’en empare, qu’on sache qu’il existe un lieu qui se charge de le faire pour nous ».
Le musée-mémorial a d’ailleurs été conçu avec les associations concernées par les attentats. Un groupement d’intérêt public (GIP) notamment composé de François Molins, l'ancien procureur de Paris au moment des attentats du Bataclan, de Françoise Rudetzki, fondatrice de SOS Attentats ou encore Patrick Pelloux, urgentiste et ancien collaborateur de Charlie Hebdo, s'est réuni pour la première fois vendredi dernier.
Le lieu précis du site doit être arrêté d'ici 2022. Mais "il sera nécessairement situé à Paris ou dans le Grand Paris" et ne sera pas lié à un attentat en particulier, a indiqué M. Rousso.
Toutes les victimes depuis 1974
Le projet français, couvrira l'ensemble des victimes et des actes de terroristes depuis 1974, date de l'attentat du Drugstore Publicis jusqu'à nos jours.
"Il y sera aussi bien question des attentats anarchistes, nationalistes, tiers-mondistes indépendantistes, politiques que des récents attentats jihadistes", détaille Henry Rousso.
La partie musée du site présentera "le phénomène du terrorisme en permettant de le penser, de le comprendre pour éviter l'effet de sidération que provoque à chaque fois un attentat", explique M. Rousso, qui le veut malgré la lourdeur du thème "comme un lieu ouvert sur le monde contemporain".
Le musée accordera aussi une place importante aux victimes, aux survivants, aux blessés physiques et psychiques, aux primo-intervenants ainsi qu'aux aidants de première ligne.
Quelle place pour les auteurs des attentats ?
La délicate question de la place à accorder dans la conception des expositions aux auteurs des attentats est en "cours de réflexion", avec l'idée "d'exclure toute forme d'héroïsation", assure Henry Rousso.
La partie "mémorial" permettra "l'inscription exhaustive" des noms de toutes les victimes françaises du terrorisme, mortes sur le territoire national et à l'étranger.
Il existe à travers le monde moins d'une dizaine de musées-mémoriaux dédiés à des attentats, dont celui d'Oklahoma City (attentat de 1995) ou encore à Oslo (tuerie d'Utoya en 2011) et ceux à New-York dédiés aux attaques du 11 septembre 2001.