Découvrez la composition du gouvernement de Michel Barnier
21 septembre 2024 à 20h24 par Étienne Escuer
Le gouvernement de Michel Barnier a été dévoilé.
Crédit : Commons - Parlement européen
La composition du gouvernement de Michel Barnier a été dévoilée ce samedi 21 septembre.
Enfin ! 11 semaines après le second tour des élections législatives, la France dispose d'un nouveau gouvernement. Il a été dévoilé ce samedi 21 septembre par Alexis Kohler, le secrétaire général de l’Élysée. Composé de 39 membres, dont 19 ministres de plein exercice, il a été présenté par le Premier ministre Michel Barnier à Emmanuel Macron jeudi soir, avant d'ultimes ajustements vendredi et les traditionnelles vérifications de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique. On y retrouve essentiellement des membres d’Ensemble pour la République, des Républicains, du Modem et d’Horizons, des partis qui ont paradoxalement tous perdu des députés lors des dernières élections législatives et qui composaient déjà le précédent gouvernement. Une coalition de perdants peut-elle faire un gouvernement à succès ? C’est tout le défi que va devoir relever le nouvel exécutif.
Le gouvernement Michel Barnier :
Premier ministre : Michel Barnier
Ministres :
-Ministre de la Justice, Garde des Sceaux : Didier Migaud (ex-PS). C’est ce qui s’approche le plus d’une prise à gauche. Ce juriste était membre du PS jusqu’en 2010. Actuel président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique, il travaillait auparavant sur la question des finances. Il fut notamment président de la Cour des comptes entre 2010 et 2020.
-Ministre du Partenariat avec les Territoires et de la Décentralisation : Catherine Vautrin (Ensemble pour la République, ex-LR). Cela peut être vu comme une rétrogradation pour celle qui occupait depuis janvier 2024 un super-ministère du Travail, de la Santé et des Solidarités. Elle gagne cependant une place dans l'ordre protocolaire. Comme d’autres ministres LR ou ex-LR, elle fut une opposante au Mariage pour tous. Elle était déjà membre du gouvernement sous Jacques Chirac. Elle fut plus récemment présidente de la métropole de Reims et de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine.
-Ministre de l’Intérieur : Bruno Retailleau (LR). Président du groupe LR au Sénat, il est connu pour ses positions très conservatrices sur l’immigration et les droits des personnes LGBT+. Il a débuté sa carrière politique auprès de Philippe de Villiers et était un fervent opposant au Mariage pour tous.
-Ministre de l'Education nationale : Anne Genetet (Ensemble pour la République). Députée des Français de l'Etranger, elle est plutôt spécialiste des questions de médecine, de communication et d'international. Elle a été rapporteure d'une proposition de loi sur la gouvernance de l'Agence française pour l'enseignement à l'étranger et sur la création d'institut régionaux de formation.
-Ministre de l'Europe et Affaires Étrangères : Jean-Noël Barrot (Modem). Promotion pour celui qui était depuis février dernier ministre délégué chargé de l’Europe, après un passage au Numérique entre 2022 et janvier 2024. Son père, Jacques Barrot, fit déjà partie d’un gouvernement avec Michel Barnier au milieu des années 1990.
-Ministre de la Culture : Rachida Dati (ex-LR). Elle est reconduite à son poste, qu’elle occupe depuis janvier 2024. Connue pour son franc-parler, elle fut ministre de la Justice sous Nicolas Sarkozy. Elle est actuellement mise en examen pour corruption passive et trafic d’influence dans l’affaire Carlos Ghosn. Elle souhaite notamment un rapprochement de France Télévisions et Radio France.
-Ministre des Armées et des Anciens Combattants : Sébastien Lecornu (Ensemble pour la République, ex-LR). En poste depuis mai 2022, il fait partie des deux ministres à conserver ses fonctions, avec Rachida Dati.
-Ministre de la Transition Écologique, de l'énergie, du climat et de la Prévention des Risques : Agnès Pannier-Runacher (Territoires de Progrès). Elle fait partie de l’aile dite gauche de la Macronie. Elle est au gouvernement depuis 2018, d’abord en tant que secrétaire d’Etat auprès du ministère de l’Economie, puis ministre déléguée à l’Industrie et ministre de la Transition Ecologique. Elle était jusque-là en charge de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire.
-Ministre de l’Économie, des Finances et de l'Industrie : Antoine Armand (Ensemble pour la République). Inspecteur des finances, il est depuis cet été président de la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale. Ces travaux ces dernières années portaient notamment sur les questions de souveraineté énergétique.
-Ministre de la Santé et de l'accès aux soins : Geneviève Darrieusecq (Modem). Médecin de formation, elle fait son retour au gouvernement, après avoir été secrétaire d’Etat aux Armées et ministre déléguée aux Anciens Combattants puis aux Personnes handicapées entere 2017 et 2023.
-Ministre des Solidarités, de l'Autonomie et de l'Egalité entre les femmes et les hommes : Paul Christophe (Horizons, ex-LR et Agir). Actuel président de la commission des affaires sociales de l’Assemblée nationale, il est proche d’Edouard Philippe. Il fut récemment rapporteur du projet de loi Plein emploi et est à l’origine d’une loi visant à améliorer la protection des familles d’enfants touchés par une affection de longue durée.
-Ministre du Logement et de la Rénovation urbaine : Valérie Létard (UDI). Elle a déjà été secrétaire d'Etat sous Nicolas Sarkozy, vice-présidente du Sénat et a occupé de nombreux mandats locaux dans les Hauts-de-France. Elle a siégé au conseil d'administration de l'Agence nationale du renouvellement urbain et à l'agence nationale de l'amélioration de l'habitat, et a été rapporteure de propositions de loi sur l'habitat.
-Ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la forêt : Annie Genevard (LR). Cadre historique de LR, elle a été vice-présidente de l’Assemblée nationale. Ancien enseignante, elle travaillait jusque-là plutôt sur les questions de l’éducation et de l’enfance. Ancienne proche de François Fillon, elle a également fait partie des fervants opposants au Mariage pour tous.
-Ministre du Travail : Astrid Panosyan-Bouvet (Ensemble pour la République). Députée, c’est une ancienne conseillère d’Emmanuel Macron qu’elle accompagnait dès 2014 au ministère de l’Economie. Sous la précédente législature, elle a travaillé sur l’assurance-chômage et l’emploi des séniors.
-Ministre des Sports, de la Jeunesse et de la vie associative : Gil Avérous (ex-LR). Maire de Châteauroux, il a claqué la porte de LR l'an dernier. Amateur de course à pied, il a fait de Châteauroux une ville qui accueille régulièrement des événements sportifs d'envergure, en témoigne l'organisation des épreuves de tir sportif lors des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.
-Ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche : Patrick Hetzel (LR). Ancien recteur, conseiller éducation de François Fillon et directeur général de l’enseignement supérieur. Il participait aux rassemblements de la Manif pour Tous et a voté contre la constitutionnalisation de l'IVG.
-Ministre de la fonction publique, de la simplification et de la transformation de l'action publique : Guillaume Kasbarian (Ensemble pour la République). Il reste au gouvernement mais change de poste. Guillaume Kasbarian était jusque-là en charge du Logement, domaine qu'il connaissait bien pour avoir été l'auteur de la controversée loi antisquat.
-Ministre des Outre-mer : François-Noël Buffet (LR). Président de la commission des lois du Sénat, il est lui aussi connu pour ses positions conservatrices. Ancien opposant au Mariage pour tous, il travaillait ces dernières années sur les questions de sécurité. Il est l’auteur de rapport sur les émeutes de l’été 2023 et les incidents au Stade de France lors de la finale de la Ligue des Champions 2022.
-Ministre du Budget et des comptes publics : Laurent Saint-Martin (Ensemble pour la République, ex-PS). Directeur général de Business France, il fut député entre 2017 et 2022. Spécialiste des questions de fiscalité et d'évaluation des politiques publiques, il a notamment été rapporteur général à l'Assemblée nationale. Il était trésorier d'Emmanuel Macron pour sa campagne présidentielle de 2022.
Ministres délégués et secrétaires d'Etat :
-Ministre délégué chargé de l'Europe : Benjamin Haddad
-Ministre déléguée chargée des relations avec le Parlement : Nathalie Delattre
-Porte-parole du gouvernement : Maud Bregeon
-Ministre déléguée chargée de la coordination gouvernementale : Marie-Claire Carrère-Gée
-Ministre déléguée chargée de la ruralité, du commerce et de l'artisanat : Françoise Gatel
-Ministre délégué chargé des Transports : François Durovray.
-Ministre délégué chargé de la Mer et de la pêche : Fabrice Loher
-Ministre délégué chargé de la Sécurité du quotidien : Nicolas Daragon
-Ministre délégué chargé de la Réussite scolaire et de l'enseignement professionnel : Alexandre Portier.
-Ministre délégué chargé de l'Industrie : Marc Ferracci.
-Ministre déléguée chargée de l'économie sociale et solidaire : Marie-Agnès Poussier-Winsback
-Ministre déléguée chargée de l'économie du tourisme : Marina Ferrari
-Ministre déléguée chargée de l'énergie : Olga Givernet
-Ministre déléguée chargée de la famille et de la petite enfance : Agnès Canayer
-Secrétaire d'état en charge de la Citoyenneté : Othman Nasrou.
-Secrétaire d'état en charge de la Francophonie : Thani Mohamed Soilihi
-Secrétaire d'Etat en charge de la Consommation : Laurence Garnier
-Secrétaire d'Etat en charge de l'égalité Hommes-Femmes : Salima Saa
-Secrétaire d'état en charge de l'Intelligence artificielle et du numérique : Clara Chappaz
Que retenir de ce nouvel organigramme ?
L'équilibre des forces politiques parmi les ministres de plein exercice correspond également peu ou prou à celui des formations à l'Assemblée nationale. Mais malgré de nouveaux visages, la colonne vertébrale (centre et droite) de l’exécutif reste la même, si ce n'est que le gouvernement penche encore plus à droite, avec l’arrivée de plusieurs proches ou anciens proches de François Fillon et de figures du combat contre le Mariage pour tous. Excepté Didier Migaud, aucune figure de gauche ne rejoint le gouvernement. Il a été symboliquement placé juste après Michel Barnier dans l'ordre protocolaire. De nombreux cadres de la macronie et des gouvernements précédents n’ont pas été reconduits : Gérald Darmanin, Bruno Le Maire, Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castera, Marc Fesneau, Eric Dupond-Moretti. Plusieurs figures de droite sont aussi absentes : Laurent Wauquiez, Eric Woerth, Edouard Philippe, Xavier Bertrand, François-Xavier Bellamy. Les raisons sont diverses : ambition présidentielle pour 2027, personnalité trop clivante, peur de faire partie d'un gouvernement rapidement renversé, etc. A noter l'absence d'un ministère ou d'un secrétariat d'Etat en charge du handicap.
Un premier conseil des ministres est envisagé lundi, avant le départ d'Emmanuel Macron pour un déplacement aux Etats-Unis et au Canada. Le Premier ministre Michel Barnier devrait prononcer un discours de politique générale à l’Assemblée nationale le 1er octobre, pour dévoiler les grandes lignes de son projet. L’objectif sera alors de convaincre un maximum de parlementaires, la coalition Ensemble pour la République/Modem/Horizons/LR ne réunissant pour l’instant que 213 députés, loin des 289 requis pour la majorité absolue. Un premier test interviendra courant octobre avec le vote du budget. La gauche promettant de censurer dès que possible Michel Barnier, l’attitude du Rassemblement national sera particulièrement scrutée. Additionnées à celles de la gauche, ses voix permettraient en effet de faire tomber le gouvernement.