Médaillé de bronze, l’Orléanais Rémy Boullé revient sur ses Jeux Paralympiques

17 septembre 2024 à 14h48 par Hugo Harnois

Rémy Boullé
Rémy Boullé
Crédit : Site Internet france-paralympique

Les Jeux Paralympiques se sont terminés dimanche 8 septembre, lors d’une mémorable cérémonie de clôture à laquelle a participé l’Orléanais Rémy Boullé, médaillé de bronze sur 200 mètres en para-canoé.

Les Jeux Paralympiques, c’est fini. Et on peut dire que l’événement a été un succès puisque la France a terminé à la 8e place avec 75 médailles remportées. L’une d’elles a été glanée par Rémy Boullé. Âgé de 36 ans, l’Orléanais a raflé le bronze sur 200 mètres en para-canoé. Pour rappel, dix ans plus tôt, cet ancien commando de l’armée avait été victime d’un accident de saut en parachute, le rendant paraplégique.

 

"C'était juste énorme"

Samedi dernier, le sportif a participé devant plus de 60.000 spectateurs à la parade des champions des Jeux Olympiques et Paralympiques. Un événement mémorable : « c’était super sympa d’avoir un vrai échange avec l’équipe olympique, étant donné qu’on n’était pas ensemble aux cérémonies d’ouverture et de fermeture. Ça nous a permis de tisser des liens avec des athlètes qu’on ne connaissait pas. Puis forcément, à Paris, sur les Champs-Élysées, devant notre public, c’était juste énorme. »

En revanche, Rémy Boullé est bien moins satisfait de son bilan sportif. Malgré une médaille de bronze (la deuxième après celle de Tokyo), le kayakiste revient sur sa déception toujours bien présente quelques semaines après l’épreuve : « je pense que je suis arrivé à ces Jeux assez fatigué, je n’étais pas loin du surentrainement, j’avais beaucoup de pression, et j’ai eu un mauvais tirage. Le Brésilien s’est retrouvé tout seul dans la série donc il est allé directement en finale, alors que moi, j’étais avec le numéro un mondial. Donc j’ai d’abord dû passer par les demi-finales. J’avais deux courses à faire en 1h10 tout juste, avec 45 minutes de récupération entre les deux, c’était trop peu. »

 

Un avant et un après Paris 2024 ?

Une amertume qui n’empêche pas l’Orléanais d’assurer aujourd’hui que les regards portés sur les sportifs en situation de handicap ont bougé : « il y a eu un vrai changement, on a pu montrer nos performances, on a été suivis par tout le monde. J’ai senti cette communion, du respect et je pense vraiment qu’il y aura un ‘après Paris’. En tout cas je l’espère. » Car pour Rémy, l’idée n’est pas d’encensé ni de glorifier les athlètes paralympiques : « je m’entraine autant que les personnes dites valides. Je n’ai pas à rougir d’autres athlètes olympiques. Même si je ne mérite pas plus d’applaudissements, je n’en mérite pas moins non plus ».

Même si l’accueil réservé aux sportifs paralympiques n’a pas déçu durant ces Jeux de Paris 2024, il faut bien reconnaitre que l’effervescence liée à l’événement risque de diminuer petit à petit. C’est pourquoi le médaillé paralympique à un message à faire passer aux médias, afin que les personnes en situation de handicap ne soient pas de nouveau invisibilisées d’ici ces prochains mois : « je sais très bien que la ferveur va retomber, mais maintenant, c’est aux médias de changer les choses, de nous mettre en avant lors des compétitions. Demain, si Léon Marchand est champion du monde, tout le monde va en parler, mais peut-être que si moi, Rémy Boullé, je suis champion du monde, il faut aussi en parler. C’est comme ça qu’on fait avancer le système. »

 

Plus d'inclusion

L’Orléanais rappelle également les bons chiffres d’audience enregistrés par les sports paralympiques et demande aux radios, télés et autres chaînes sportives « de nous médiatiser autant que les autres. Maintenant, vous savez que l’on peut faire de l’audimat et que le public aime le sport paralympique. »

Connu pour son franc-parler, Rémy Boullé va au-delà du rôle des médias, et porte aussi de nombreuses autres revendications, comme le fait d’inclure dans le système scolaire davantage d’enfants en situation de handicap. Comment ? « Il manque des AESH et des aides de vie, il faut travailler là-dessus. » Les places de parking pour PMR (Personnes à Mobilité Réduite) est aussi un sujet, selon lui : « que les personnes arrêtent de se garer sur les places PMR s’ils n’en ont pas besoin ». Dernier enjeu qui lui tient à cœur : l’impossibilité pour lui d’accéder au métro parisien. « Le coup de gueule c’est celui-ci : on aurait dû éviter de mettre 1,5 milliard d’euros dans la Seine, et on aurait pu mettre cette somme dans le métro parisien. Ça aurait fait partie des choses qui seraient restées, et qui auraient été pour le bien commun de tout le monde », tranche-t-il.

Quoi qu’il en soit, on devrait encore avoir la chance de suivre le kayakiste orléanais dans les années à venir, puisque celui-ci compte participer aux prochains Jeux Paralympiques à Los Angeles en 2028. En attendant, Rémy entend bien profiter de ces prochaines semaines de tranquillité : « ça fait 9 ans que je n’ai pas pris de repos ». On le comprend.